Œuvres
Stamps of Tana – Raffia works
2024
Raphia naturel teinté et non teinté, coton, bois
Tissage à plat, broderie, couture
5 modules de 160 x 60 x 10 cm (chacun)
Stamps of Tana – Monotypes N°1 – 5, 1/1
2024
5 modules de 58 x 41 cm (chacun)
Papier Arches
Photos crédits
Photo 1 : Salah Bouade – Courtesy Loft Art Gallery
Photos 2 à 6 : Abderrahim Annag – Courtesy Amina Agueznay
À l’occasion de la foire d’art 1-54 Marrakech 2024, Amina Agueznay présente une série d’œuvres entamées lors de sa résidence en 2023 à la Fondation H à Antananarivo, où elle a trouvé son inspiration dans l’œuvre de l’artiste textile malgache de légende, Madame Zo.
Agueznay explore des matériaux traditionnels comme non conventionnels, qu’elle détourne de leur usage initial. Bien que son travail ne se limite pas au textile, elle en convoque souvent les qualités isolantes et multisensorielles. Elle les intègre dans des installations monumentales où elle interroge les gestes du tissage et leur déconstruction, repoussant les frontières des pratiques artisanales vers des horizons inédites.
Pour 1-54, Amina Agueznay propose une exposition en deux volets, composée de panneaux tissés et d’estampes originales monochromes intitulées Stamps of Tana. En collaboration avec des artisans locaux à Madagascar, l’artiste a fait réaliser une série de tampons en caoutchouc inspirés de détails extraits de certaines œuvres de Madame Zo. De retour dans son atelier marocain, ces tampons deviennent la matrice d’une série de monotypes blancs sur blanc. Agueznay y traduit la texture et les strates du tissage en lignes pures, revenant, comme souvent dans sa pratique, à l’élément fondamental de toute création : la ligne.
En face des monotypes, une série de panneaux suspendus en raphia – palmier originaire de Madagascar – déploie un autre langage. Là encore, la structure repose sur la stratification et la linéarité. Les panneaux cousus sont suspendus de manière à permettre au spectateur de circuler autour, entre face et revers. Un côté expose une trame linéaire précise ; l’autre révèle le geste et la méthode qui l’ont façonnée, invitant le regard à entrer dans le processus de création. Inspirées à la fois par Madagascar et le Maroc, ces œuvres dépassent l’interprétation personnelle des traditions locales pour révéler l’acte même de création.
Les facultés d’observation et d’assimilation de l’artiste s’y manifestent pleinement, à mesure qu’elle accumule couche après couche un véritable palimpseste de ses recherches en Afrique de l’Est. Réputée pour l’effet de sanctuaire que dégagent ses œuvres, Amina Agueznay conçoit ici un espace de contemplation autour des qualités singulières et de la communauté collective des pratiques artisanales.
— Texte original en anglais de Kristi Ann Jones. Traduction française réalisée avec validation de l’auteur.