Œuvres
Wainscot #1
2020
Installation
Laine naturelle filée teintée, coton, colle, métal galvanisé, métal galvanisé peint
Crochet, couture, soudure
1363 x 150 x 20 cm
Wainscot #2 – Parure
2020
Sculpture
Laine naturelle filée teintée, coton, colle, métal galvanisé peint
Technique du crochet, couture, soudure
Dimensions variables
Crédits Photos
Guy Thimel
Courtesy artiste
Le Riad El Fenn est un lieu d’exception niché dans l’une des ruelles étroites de la médina de Marrakech, fondé par Vanessa Branson, cofondatrice de la légendaire Biennale de Marrakech. C’est dans ce cadre qu’Amina Agueznay a conçu Wainscot (2020), une installation in situ créée dans un couloir de couleur rouge foncé, traversé en permanence par le personnel et les hôtes de l’hôtel. Pour habiter cet espace architectural animé, au cœur du labyrinthe du riad, Agueznay a exploré l’incidence de son médium sur l’environnement. Ce médium, c’est la laine charbon, torsadée et façonnée à la main en longues tresses organiques, non encadrées, non contenues. La matière s’épanouit librement en un paysage architectural, formant un « lambris » noir qui épouse les murs écarlates, absorbant le tumulte de l’hôtel et de la ville. La solennité du matériau est telle que le temps semble suspendu : la frénésie cède le pas à la contemplation.
Traditionnellement, un lambris protège les murs d’un espace intérieur. Ici, l’artiste-architecte transpose ce principe en utilisant une laine artisanale, prisée dans les communautés rurales marocaines pour ses vertus mystiques et protectrices. Tissée en tubes, en épines ou en surfaces pliées, la laine charbon s’ancre aux murs rouges à hauteur d’épaule, avant de se déployer lourdement jusqu’à recouvrir les sols en zellij noir et blanc. Amina Agueznay collabore étroitement avec sa cheffe d’atelier pour élaborer une lecture contemporaine de techniques artisanales ancestrales : ferraka (planche à laver), snassels (chaînes), qwaddess (gouttières), hssira (tapis), chouk (épines), bwidat (œufs). Une iconographie textile suspendue dans un ébène austère, témoin du patrimoine artisanal marocain.
L’installation circonscrit le lieu, formant un linceul, un talisman, une force ancienne empreinte de tqoul (lourdeur), qui enveloppe les sens et absorbe tous les sons. Le·spectateur se retrouve face à lui-même, dans cet espace dans l’espace — refuge silencieux au cœur du tumulte de la médina.
— Texte original en anglais de Kristi Ann Jones. Traduction française réalisée avec validation de l’auteur.