Œuvres
Draâ X Draâ
2017
Laine naturelle filée non teintée, laine naturelle filée teintée, fil de velours, maillechort, acier inoxydable
Tissage à plat, tissage nouage
5 panneaux (50 x 50 x 5–20 cm)
Avec la participation de deux maître artisanes et une coopérative à la production : Khadija Ibbour, Zahra El Kaddouri et coopérative Yasmine
Avec le soutien de l’Institut für Auslandsbeziehungen (IFA)
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Draâ X Draâ dans la rubrique “Œuvres”
Commissariat
Mouna Mekouar
Alya Sebti
Salma Lahlou
Crédits photos
Photo 1 et 2 : Courtesy IFA Gallery Stuttgart
Photo 3 : Courtesy artiste
Amina Agueznay est née en 1963 à Casablanca, où elle vit et travaille actuellement. Ses installations textiles doivent beaucoup à sa formation d’architecte. Diplômée en 1989 de la Catholic University of America, Washington DC, elle exerce pendant huit ans comme architecte aux États-Unis avant de revenir s’installer au Maroc où elle décide d’investir le champ du design, de l’art et de la création du bijou. Mais point de rupture. De la continuité plutôt, tant ses œuvres sont architecturées.
Outre ce lien à l’architecture – un croisement des pratiques qui caractérisait le Bauhaus aussi bien que l’École de Casablanca -, la dimension participative de ses œuvres semble en filiation directe avec la démarche de Sheila Hicks au Maroc : toutes deux sont par exemple sollicitées à des décennies d’écart par le même ministère de l’artisanat pour impulser des innovations donnant une même attention au relief et au rythme. Son appropriation des matières et des savoir-faire artisanaux, en grande complicité avec les artisans, requiert un temps long d’ouvrage mais aussi d’observation sur le terrain, d’échanges et de partages lui faisant revendiquer : « Mon atelier, c’est le terrain, et le processus a pour moi beaucoup plus d’importance que le produit fini » .
Si la plupart de ses dernières installations textiles étaient réalisées à l’échelle de l’architecture , elle revient ici à celle du bijou, avec des œuvres de 50 x 50 cm qui reprennent l’un de ses motifs préférentiels : le chevron caractéristique des tapis marocains et plus particulièrement de ceux de la région de Tiflet où elle a engagé ce travail avec l’artisane Zahra El Kaddouri. Ce chevron, appelé en arabe menchar , lui permet de retracer une histoire invisible : celle des signes, des symboles, des savoir-faire, tissés dans une œuvre qui se donne pour collective. L’attention au motif traditionnel et au geste ancestral se trouve en quelque sorte sublimée par les interprétations successives de l’artiste et de l’artisane, engagées dans une forme de dialogue articulant les héritages à des perspectives contemporaines. Dans cette complémentarité fusionnelle, se redisent les fondamentaux de l’École de Casablanca : collectivisme, connaissances et réinterprétations du patrimoine artistique marocain, émancipation et démocratisation.
— Corinne Cauvin