Œuvres
Aouinates
2015 – 2016
Installation
Laine naturelle filée, miroir, colle, fil cordon, câbles métalliques, inox brossé
Crochetage, couture, soudure, vissage, ponçage
700 x 500 x 20 cm
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Aouinates dans la rubrique “Œuvres”
Ankabouth
2015 – 2016
Installation
Laine naturelle filée, paillettes métalliques (mozone), fil cordon, inox brossé
Crochetage, perlage, couture, soudure, vissage, ponçage
34 mètres carrés de superficie
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Ankabouth dans la rubrique “Œuvres”
Afegag
2015 – 2016
Installation textile et vidéo
Laine naturelle filée et teintée, fil de chaîne, inox brossé, 3 moniteurs télé
Tissage plat et noué, couture, vidéo, soudure, vissage, ponçage
300 x 380 x 60 cm
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Afegag dans la rubrique “Œuvres”
Assetta
2015 – 2016
Installation
Laine naturelle filée non teintée, fil coton, fil métallique, colle, métal peint
Habillage du fil métallique en laine et façonnage, couture
3 panneaux de dimensions variables
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Assetta dans la rubrique “Œuvres”
Ifassen
2015 – 2016
Sabra (fil de viscose), bronze, inox brossé, verre, éclairage LED
Crochet, perçage, travail de bronze (moulage, patine…)
Bancs de contemplation
2015-2016
Installation
Laine naturelle filée, teintée et à l’état brut, fil de chaîne, rafia, inox brossé
Tissage à plat et tissage à noeuds, tressage, vissage et couture
3 éléments : 45 × 180 × 45 cm (chacun)
Avec le soutien de la Société Générale Maroc
Commissariat
Mohamed Rachdi
Crédits photos
Guy Thimel
Courtesy Société Générale
Amina Agueznay est la première artiste plasticienne conviée cette année à investir l’Atrium de la Société Générale Maroc à Casablanca, un espace au cœur du siège de l’entreprise dédié à la diffusion des explorations artistiques contemporaines. Pour cette exposition individuelle, l’artiste fait une proposition qui consiste en un ensemble d’œuvres conçues pour s’articuler étroitement avec les données architecturales de l’Atrium. Des œuvres qui sont essentiellement réalisées à base de la technique que Amina Agueznay affectionne par-dessus tout : le tissage.
Ankabouth ainsi que s’intitule cette exposition labyrinthique où l’artiste se métamorphose en araignée faisant œuvrer sous sa houlette un groupe de fileuses. L’objectif fondamental est de tramer patiemment sa toile à plusieurs mains en vue de capter, au sein de divers enchevêtrements de matières, de couleurs et de lumières, aussi bien l’attention que le corps du visiteur appelé à s’engager physiquement
et mentalement dans le rythme des œuvres qui investissent le lieu entre horizontalité et verticalité et qui invitent à engager une relation perceptive entre le macroscopique et le microscopique, entre toiles grossièrement nouées de cordons de laine d’épaisseurs variées et bijoux finement confectionnés dans la délicatesse du fil de soie et la subtilité lumineuse du doré et de l’argenté.
Dans son exploration de la poésie du textile et du tissage, Amina Agueznay se propose d’interagir avec un ensemble de tapis de l’artisanat traditionnel marocain qu’elle a pris le soin de sélectionner à partir du fonds d’objets d’art de la Fondation du Groupe Société Générale. Ces tapis de collection réalisés à travers les temps et les territoires du Royaume par diverses mains de femmes et d’hommes, tisserands de notre patrimoine artistique ancestral, serviront
à l’artiste comme champ référentiel
pour cultiver son propre jardin plastique, déployer son potentiel créatif sous forme de dispositifs artistiques résolument contemporains. Dispositifs artistiques qu’elle distribue dans l’Atrium de manière à y dessiner un parcours animé de fils
qui ne sont tissés et brodés, tramés et plissés que pour définir des espaces
où s’entrelacent plein et vide, visible et invisible, passé et présent, tradition et contemporanéité.
Le textile est par excellence un matériau d’une évidente plasticité. Il se noue
et se dénoue, se coud et se découd, s’assemble et se déchire, s’entrelace et se trame, se plie et se déplie, s’enroule et se déroule, comme il se glisse aisément du bidimensionnel ou tridimensionnel et inversement… Présentées frontalement, on peut alors contempler les réalisations en textile comme un tableau, comme on peut, en tant que structures volumétriques, tourner autour d’elles ou s’introduire en elles physiquement.
Partant, ainsi, d’un héritage culturel riche d’un vocabulaire formel constitué de signes et de symboles dont le processus de formation remonte loin dans l’histoire et la transmission des savoir-faire qui se fait par la succession générationnelle
des maalemines et maalemates (maître – artisans), Amina Agueznay fait pousser un art tout à fait singulier qui sait se nourrir de l’artisanat traditionnel pour mieux nous ouvrir sur des préoccupations artistiques des plus actuelles. A l’ère de la machine et du développement des nouvelles technologies du numérique, l’artiste renoue délibérément avec des procédures techniques au fondement des pratiques artisanales ancestrales
et œuvre dans la proximité de l’artisan qui fonde son activité créatrice d’abord et avant tout sur la main. Toutefois, l’objectif de sa quête et sa revendication sans ambages du fait-main, n’est à l’évidence pas de confectionner des objets destinés à l’usage quotidien ou de reproduire indéfiniment des formes artistiques anciennes, mais de tirer des kilomètres de fils pour produire des œuvres contemporaines capables d’élargir le champ créatif, d’interroger l’espace architectural et d’interagir avec lui. Des œuvres réellement aptes à capter dans leur filet le visiteur pour l’engager dans des univers plastiques novateurs susceptibles de l’ouvrir à de surprenantes expériences esthétiques et des horizons poétiques aux perspectives sémantiques inouïes.
— Mohamed Rachdi