Œuvres
Portal # 1 (variante 1/3)
2022
Laine filée non teintée, coton, bourre de palmier (talefdamt)
Tissage à plat, tissage nouage
190 × 150 × 6 cm
Création Amina Agueznay. Production coopérative TISKMAD
Portal #4
2022
Laine filée non teintée, coton, bourre de palmier (talefdamt)
Tissage à plat, tissage nouage
190 × 150 × 6 cm
Création Amina Agueznay. Production coopérative TISKMAD
Portal #5 (variante 1/3)
2022
Laine filée non teintée, coton, bourre de palmier (talefdamt)
Tissage à plat, tissage nouage
190 × 150 × 6 cm
Création Amina Agueznay. Production coopérative TISKMAD
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Portals – Version I dans la rubrique “Œuvres”
Commissariat :
Mouna Mekouar
Crédit photos :
Courtesy Palacio Cadaval
Ce projet est né d’une invitation lancée par Salima Naji, éco-architecte et anthropologue de renom, à dialoguer avec les anciens habitants du ksar (village fortifié amazigh) de Tissekmoudine, au Maroc.
Amina Agueznay a conçu un atelier impliquant des femmes locales — anciennes habitantes du ksar — dans le processus de réhabilitation écologique du site, dans le cadre du projet plus vaste de Salima Naji, centré sur la restauration du patrimoine et l’autonomisation des communautés locales. En observant le quotidien de ces femmes, l’artiste a remarqué qu’elles traversaient le ksar pour se rendre à l’oasis voisine, où elles collectaient des matériaux naturels à des fins domestiques ou artisanales.
Agueznay a invité les participantes à observer attentivement leur environnement et à en dessiner les détails tels qu’elles les percevaient. L’un des éléments architecturaux les plus marquants du ksar étant ses portes, les femmes les ont dessinées, puis ont transposé leurs esquisses en laine tissée, chacune produisant une pièce unique.
Pour créer une nouvelle série d’œuvres à destination d’Évora, Agueznay est retournée à Tissekmoudine. Elle y a dessiné ses propres portes à l’échelle 1:1 et s’est procuré des matériaux locaux évoquant à la fois l’environnement naturel et l’héritage architectural du village fortifié. À l’instar de Salima Naji, qui emploie l’adobe et la pierre locale dans ses restaurations, l’artiste a opté pour de la laine naturelle non teinte et de la fibre de palmier afin de tisser ses « portails », affirmant ainsi le lien entre artisanat et architecture.
Connue localement sous le nom de talefdamt, cette fibre de palmier est traditionnellement utilisée pour fabriquer certains paniers, comme les mangeoires pour animaux, appelés arial (en amazighe). Agueznay a encouragé les tisserandes locales à traiter cette fibre comme de la laine : en la faisant tremper, en la cardant, puis en l’intégrant — en tissage plat ou noué — sur un métier vertical. Cette méthode incarne l’aller-retour constant entre le ksar et l’oasis : de l’inspiration à la matière, de la matière à la création.
Les œuvres qui en résultent sont vibrantes de couleurs — les couleurs de ce lieu. Elles prennent vie à travers un autre processus interactif, qui élicite cette fois un ensemble de réponses sensorielles. La texture rêche du talefdamt contraste avec la douceur familière de la laine. On peut la toucher. La voir. La sentir. L’odeur organique de la fibre brute, de la laine non traitée, évoque la palmeraie, les teintes de l’oasis et des murs du ksar, la chaleur du soleil, voire le bleu du ciel.
Née d’un profond respect pour le patrimoine matériel et immatériel d’un lieu hors des sentiers battus, cette série d’œuvres invite le spectateur à entrer en relation avec lui, tout comme l’ont fait l’artiste et les artisanes qui y ont pris part.
— Texte original en anglais de Kristi Ann Jones. Traduction française réalisée avec validation de l’auteur.