OEUVRES

Draâ x Draâ
2017
Laine naturelle filée, teintée et non teintée, laine acrylique, fil de coton, métal galvanisé
Tissage à plat, tissage nouage, tressage, enroulage
9 pièces textiles, 50 × 50 cm chacune ; épaisseur variable entre 2 et 20 cm

→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Draâ x Draâ dans la rubrique “Œuvres”

Draâ x Draâ – Processus créatif – Zahra
2016
Vidéo monocanal, boucle, 9 min 37 s
Images : Courtesy galerie IFA – Maurizio Verrina
Montage : Said El Widadi

Portals – Version I
2022
Fibres végétales (bourre de palmier – talefdamt), laine naturelle filée non teintée, fil de coton, toile de coton, bois
Tissage à plat, tissage nouage
Épreuve d’artiste
145 x 187 x 6 cm
→ Pour plus d’informations, se référer à l’œuvre Portals – Version I dans la rubrique “Œuvres”

 

Commissariat
Sonia Recasens

 

Photos crédits
Crédit photo : Marc Domage
Courtesy ICI – Institut des Cultures d’Islam

 

« Notre tradition est révolutionnaire, notre tradition est futuriste » affirmait l’artiste marocain Mohamed Chabâa, figure historique de l’École de Casablanca qui prône entre 1962 et 1974 la valorisation du patrimoine artistique séculaire et des savoirs vernaculaires. Dans la lignée de cette dynamique post indépendance décloisonnant les hiérarchies entre beaux-arts et artisanat, l’exposition L’esprit du geste œuvre à déconstruire une vision ethnocentrée et patriarcale des pratiques traditionnelles.
Prenant comme point de départ les mots clés transmission, hybridité, savoir-faire, patrimoine, matrimoine, rituels et gestes, l’exposition se nourrit de mes souvenirs d’enfance, de ces étés passés auprès de ma famille dans les grandes villes comme dans les campagnes du Maroc à observer les mains agiles de mes tantes et grands-tantes confectionner le trousseau de la future mariée ; masser et gommer les corps ; pétrir la pâte à pain ; laver et plier le linge de maison ; préparer l’onguent de henné… Des mains ridées et tatouées, qui prennent soin des maisons et des corps, performant des rituels quotidiens dans l’intimité de l’espace domestique. Ancrées dans ma mémoire, ces mains pleines de grâce qui transmettent amour et savoir-faire, soin et poésie, tendresse et beauté, composent un langage visuel et corporel d’une puissance esthétique universelle, auquel rend hommage L’esprit du geste.
Entrecroisant les registres de l’art, de l’artisanat et du domestique, les dix-sept artistes internationaux qui me font l’immense plaisir d’accepter mon invitation mettent en lumière l’incroyable inventivité du monde de la main, longtemps invisibilisé et dénigré. Cette quête de l’esprit du geste ne s’inscrit pas dans une reproduction figée mais dans une interprétation vivante et exaltante, l’occasion d’hybridations plastiques et esthétiques comme un hommage au syncrétisme des cultures d’Islam.
Révélant des affinités et des solidarités entre les cultures perses, indiennes, ottomanes, arabes, berbères et d’Asie centrale, l’exposition présente des œuvres qui explorent des techniques, des motifs, des matières et des récits issus de traditions ancestrales, transmises au fil des siècles et des migrations.
Peinture, installation, sculpture, danse, tapisserie, architecture s’entremêlent pour reformuler un langage de l’art qui crée du lien par-delà les frontières, telle une invitation à s’ouvrir au monde pour faire communauté.
— Sonia Recasens

Draâ x Draâ
Architecte de formation, Amina Agueznay anime depuis une vingtaine d’années des ateliers d’innovation auprès de maîtres artisans dans toutes les régions du Maroc. Dans une démarche presque anthropologique, elle collecte des gestes, des techniques, des motifs et des récits qui nourrissent sa pratique artistique. Elle explique : « Mon atelier est sur le terrain et le processus est beaucoup plus important pour moi que le produit fini ». C’est ce processus créatif ancré dans une expérience humaine intense faite de dialogue, de partage et de collaboration que l’on découvre dans l’installation textile et vidéo Draâ x Draâ*, fruit d’une conversation au long cours avec Zahra El Kaddouri, une maîtresse artisane tisserande de la région de Tiflet. À l’aide de différents exercices, l’artiste pousse l’artisane à prendre conscience de son pouvoir créateur et à s’émanciper de la rigueur géométrique des motifs traditionnels du point chevron ou menchar en arabe dialectal.
— Sonia Recasens